La distillerie transforme les sous-produits vinicoles
Ouest-France - Loire-Atlantique - 9 décembre 2013Des milliers de tonnes de marc et d'hectolitres de lie de vin passent dans ses silos chaque année. La distillerie Baron, à La Remaudière, est à l'affût de tous les débouchés novateurs.
Nichée sur cinq hectares aux pieds des éoliennes remaudièroise, l'immense distillerie Baron transforme depuis dix ans les sous-produits vinicoles de toute une région. « Au début des années 60, en achetant son premier alambic, mon grand-père Marcel Baron est devenu distillateur dans le département voisin », explique à 44 ans son petit-fils Pascal, aujourd'hui aux manettes de l'entreprise avec son épouse.
« Tout producteur de vin d'une quantité annuelle supérieure à 25 hectolitres, a l'obligation de livrer dans une distillerie agréée tous les sous-produits issus de sa vinification », explique Pascal Baron. C'est comme cela, qu'intervenant sur les vignobles du pays nantais, des coteaux d'Ancenis et des fiefs vendéens, la distillerie Baron réceptionne pendant les vendanges entre 22 000 et 35 000 tonnes de marc de raisin et une moyenne de 20 000 hectolitres de bourbe et de lie de vin le reste de l'année. « Nos apports sont tributaires du volume de chacune des récoltes et des plans d'arrachage ou de plantation successifs », détaille Pascal Baron.
La vapeur nécessaire à faire fonctionner la colonne à distiller ou à produire la chaleur alimentant le séchoir aux matières sèches est assurée grâce à une immense chaudière à bois. « Depuis trois ans nous utilisons environ 2 000 tonnes de bois local de recyclage (1) par an, sans plus jamais faire appel aux énergies fossiles », précise Pascal Baron.
En plus de produire de l'alcool pur, sa première vocation, la distillerie transforme chaque jour les sous-produits du vignoble. En polyphénol pour la pharmacie et pour la cosmétique, en huile de pépin de raisin pour l'alimentation humaine et en biocarburant pour les moteurs. Restent les déchets verts, qui alimentent les cultures légumières de toute la vallée maraîchère nantaise.
Valoriser au maximum les filières
Malaxés, triturés, disséqués, séchés, empactés, etc., les apports de la viticulture locale deviennent chaque jour des matières premières de mieux en mieux valorisées et convoitées par de nombreux industriels. « Nous livrons désormais des pulpes déshydratées, extraites des marcs de raisins et séchées après distillation, aux spécialistes de l'alimentation du bétail et aux usines de fertilisants organiques. Depuis trois ans que nous rodons cette nouvelle filière, nous montons peu à peu en puissance », explique Pascal Baron.
Résultats identiques du côté du tartrate de chaux, utilisé désormais comme retardateur dans les plâtres et les ciments. « Obtenue chez nous par précipitation des lies de vin, la fameuse gravelle, bien connue des vignerons et consommateurs de vin blanc, vient de trouver un débouché original. L'acide tartrique est devenu une matière première naturelle très appréciée par les industriels du bâtiment. »
Joli bilan pour le laboratoire de recherche et développement installé à l'union nationale qui regroupe les distillateurs d'alcool (UNGDA), à l'origine des valorisations successives. Leur dernière idée consiste à fabriquer des colles vertes destinées à l'industrie du bois. « Le projet, qui s'avère très prometteur, reste pour l'instant embryonnaire. Mais, même si c'est un objectif à dix ans, c'est à terme une perspective de développement et de valorisation très intéressante », conclut Pascal Baron, toujours à l'affût de la dernière trouvaille.
(1) Palettes, cageots, chutes de bois en scierie, etc.
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